Steampunk

STEAMPUNK: Du dessin au cosplay (Dossier intégral part.1)

STEAMPUNK: Du dessin au cosplay (Dossier intégral part.1) | Goussets Béguin

Partons en premier lieu sur l’origine et la définition d’un des genres populaires les plus récents mais aussi des plus mystérieux où l’on croise une version fantasmée de Paris ou de Londres en pleine révolution industrielle, mais aussi l’imaginaire Jules Verne des voitures volantes faites en cuivre nourries à la vapeur .

Enfilez vos montres à gousset et partons ensemble en voyage dans cet univers fantastique !

Steampunk costume

Le steampunk peut se définir comme la science fiction victorienne, en référence au règne de la reine Victoria d’Angleterre qui s’inscrit dans la veine du rétro-futurisme.  A l’origine, au début des années 80 ce genre mené sous la forme d’un jeu littéraire quasiment oulipiens.

L’oulipo est un groupe fondé au milieu du XXème siècle avec des littéraires et des mathématiciens qui réfléchissaient leur discipline par le prisme de la difficulté, à savoir comment la contrainte leur permettait paradoxalement d’améliorer et de libérer leur créativité. On compte alors parmi les membres de l’oulipo des gens très connus comme Raymond Queneau, Georges Perec (qui a écrit « La disparition », un livre où il s’est interdit d’utiliser la lettre E) ou encore plus récemment Marc Levy qui écrivait toutes ses histoire avec obligatoirement un appartement à New-York et un fantôme inclus.

Ce petit jeu littéraire est imaginé par trois amis auteurs de science fiction: Tim Powers, James Blaylock et K.W Jeter . Ces derniers voulaient partager un projet commun: inventer un nouveau genre et se moquer du trop sérieux cyberpunk.

Le cyberpunk est alors un genre très à la mode à cette époque, lui-même basé sur un imaginaire très technologique et très urbain; avec comme figure de proue l’écrivain américain William Gibson, qui a lancé le mouvement au début des années 80 dans une perspective assez proche: « l’anticipation ». Il s’agissait d’explorer les dérives du monde hyper-industrialisé qui se profile à l’horizon avec l’informatique, les mondes virtuels, les matrices, l’humanité augmentée ou encore les mégalopoles tentaculaires .

Mais alors, qu’en est-il du Punk ? Le suffixe « Punk » à l’époque évoquait alors une certaine vision politique, une forme de critique sociale qui portait tout le genre. On peut le retrouver aujourd’hui dans des séries comme l’excellent « Black Mirror », même si d’un point de vue littéraire, le genre cyberpunk a presque disparu aujourd’hui. 

Nous pouvons noter cependant dans un autre registre le très attendu jeu video Cyberpunk 2077.


Cyberpunk 2077

  

Nos trois jeunes auteurs (Tim Powers, James Blaylock et K.W Jeter) dans un esprit parodique et ludique, voulaient revenir à l’émerveillement des premières heures de la science fiction : celle de l’époque où l’on croyait encore au mythe moderne du progrès, un mythe largement entamé par les horreurs la seconde guerre mondiale . Ils ont donc inventé steampunk en remplaçant le très moderne « cyber » qui renvoyait au monde virtuel, par « steam », qui signifie vapeur et donc nous renvoie immédiatement à la première révolution industrielle des années 1880. 

Le cyberpunk était un genre pessimiste qui avait laissé tomber justement l’émerveillement scientifique, le goût pour les récits d’aventures très divertissant propre à l’esprit punk du début du XXème siècle.

 

Cependant, au début des années 80, le film « Star Wars » et toutes les productions du duo Spielberg / Lucas vont relancer cet esprit et le steampunk s’inscrit cette fois du point de vue de la littérature dans cette lignée d’un retour au « senso fender » : ce fameux émerveillement cher au début du 20e siècle qui n’avait pas encore connu ces deux guerres mondiales terribles.

Parfois rattaché à la science fiction, parfois la fantasy, le genre steampunk se rapproche plus généralement du courant du rétro-futurisme : c’est à dire du fait d’imaginer le futur à partir du passé ou un passé modifié beaucoup plus avancé que le nôtre. Nous sommes alors sur un mode proche de l’uchronie où un petit élément de changé au sens notre histoire peut  en changer toute la course et où l’auteur imagine les conséquences sociales de ces bifurcations  (et si les russes avaient gagné la guerre froide, et si les dinosaures s’étaient pas éteints etc…)

Les fans de la série « Sliders » se reconnaîtront ce genre d’essais. Il s’agit dans le cas du steampunk et du rétro-futurisme au sens large de prendre un pan de l’histoire et d’imaginer non pas de nouvelles révolutions et nouvelles innovations, mais de pousser les technologies et le fonctionnement social du moment à leur paroxysme, soit en restant à cette époque, soit en allant jusqu’a aujourd’hui ou plus tard.

starwars stormtrooper

 

Donc, dans le genre rétro-futurisme, on peut citer par exemple l’excellente série de jeux vidéo "Fallout", qui joue avec humour sur ce décalage lié au fait de montrer un futur bloqué dans les années 60, ou encore le jeu "Bioshock" qui, dans la même veine, appartient à un autre sous genre qu’on appelle en général le Diesel punk. 

Pour le genre steampunk, le but consiste à imaginer un futur tel qu’il était pensé au moment de la première révolution industrielle:  c’est de la machine à vapeur inventée par James Watt. (Oui, le mot Watts vient bien de là…). 

Il peut s’agir d’imaginer aussi une fin 19ème siècle avec une technologie sur des machines à vapeur avec ses rouages complexes et ses rivées cuivrée qui permettent une avancée très importante et quasiment magique pour l’époque.

Souvent le steampunk met en scène un paysage très urbain, le Londres Victorien ou le Paris de la construction la tour Eiffel, mais aussi parfois d’autres lieux comme l’ouest américain dans la série qui anticipe le steampunk de l’ouest américain, comme dans la série « les mystères de l’ouest ».

Une évocation typique du steampunk sera alors d’imaginer une voiture volante conduite par un automate en cuivre survolant la tour Eiffel encore inachevée. Les romans de Jules Verne ont une très grande inspiration ainsi que tout l’imaginaire des « Pulp », ces magazines de fiction populaires au début du XXe siècle.

Les robots géants fonctionnant à la vapeur, iles croiseurs de combat à coups de rayons mortels menés par des gentleman en redingote, des savants fous criant « It’s Alive » et des femmes en corset habitent un Londres hanté par Jack l’éventreur en 1888. La récente série Penny Dreadful, tire justement son nom des publications d’horreur populaire en Angleterre rend très bien cette ambiance esthétique.

 

Steampunk costumeSteampunk wallpaper

 

Cela crée vraiment une vision très particulière, très visuelle même si née dans un cadre littéraire et jouant avec l’histoire avec grand H. Cela joue aussi beaucoup avec les références visuelles cette époque, qui a vu naître toute une culture populaire industrielle moderne. Le fait que les créateurs de ce genre qui dans les années 80 aient choisi cette époque Victorienne est donc lié aux changements sociaux et techniques qu’elle à connu, mais aussi à l’émergence d ‘une fiction de genres très populaire.

Les deux sont liés car c’est l’énorme boom économique et technique qui a permis la naissance des médias de masse comme la radio, l’imprimerie moderne et plus tard et télévision, donc nouveau public pour cette culture.

Les invasions du steampunk du coup voulaient revenir à l’esprit des premiers temps de la science fiction tout en incluant dans cet esprit un mélange de références fictionnelles propres au fourmillement plus contemporain.

Ils se sont lancé le défi de codifier ce nouveau genre très « méta », c’est à dire très conscients de jouer avec les codes fictionnels plutôt que de raconter une histoire réelle.

 

Steampunk

 

La particularité du genre steampunk est donc d’être un mélange hétérogène de science-fiction avec une grande importance accordée à l’innovation technologique et à ses conséquences futuriste de fantasy urbaine. On y trouve souvent des éléments de magie, des éléments issus du folklore urbain et puis le fantastique. On y croise des sciences occultes, du spiritisme cher à Sir Arthur Conan Doyle.

Le  succès littéraire des trois fondateurs va être immense et entraîner avec lui un mouvement très vaste qui va largement les dépasser. Ironiquement d’ailleurs, l’écrivain le plus représentatif du genre cyberpunk -William Gibson- parodié à ses débuts à même co-écrit un roman steampunk avec Bruce Sterling se nommant « La machine à différence » . Dans ce roman, un ordinateur est inventé au milieu du 19e siècle et entraîne bien sûr des bouleversements énormes dans la société de l’époque. En bref, ce genre réunit le fantasme d’une époque où l’on croyait encore au progrès tandis que les désillusions de notre modernité poussent parfois à une forme de nostalgie de cet âge d’or totalement idéalisé .

Plus que l’époque elle-même et une recherche de vérité historique, c’est l’imaginaire et l’esthétique issus de la culture populaire de cette époque qu’on retrouve largement recyclé de façon fantasmée, fétichisée, devenant même une véritable culture avec ses codes et ses adeptes. La communauté très présente sur internet du steampunk doit donc beaucoup au siècle victorien de la même mani!re que "Games of Thrones" doit beaucoup au moyen-âge. C’est ce qui rend le steampunk différent des genres plus anciens comme la science-fiction et la fantasy qui seront néanmoins tous des catégories cumulatives:  c’est à dire qu’une fois qu’on a posé les bases et établi une première définition collective acceptée, chaque oeuvre qui est ajouté à ce répertoire le change un peu et le redéfinit.

 

Steampunk victorienneSteampunk Moderne

 

Le steampunk, lui, est beaucoup plus récent et  si il conserve une partie de cette approche, il s’approprie des oeuvres et une époque, il lui offre une renaissance de manière méta-textuelle. Plutôt que de faire référence plus ou moins consciemment aux oeuvres passées appartenant au genre, il ici d’intégrer plutôt dans les univers des oeuvres liées à l’époque à laquelle on fait référence. Par exemple, dans le chef-d’oeuvre d’Alan Moore, comic-book steampunk « La ligue des gentlemen extraordinaires », les héros ne sont autres que Dorian Gray (le personnage d’Oscar Wild), le capitaine Nemo (issu de l’oeuvre de Jules Verne) ou encore Allan Quatermain (l’aventurier type inventé par Henri hagarde). Alan Moore fait plus que rendre hommage à la production culturelle de la fin du XIXème siècle, il la rend canon, il la rend réelle dans son univers : c’est ça être meta.

Si au fond, toute fiction est un commentaire des fictions précédente, dans le cas du steampunk cela fait partie de son ADN .Sans que ce soit toujours aussi appuyé que dans le cas d’Alan Moore, l’intégration de la fiction et le commentaire sur cette dernière sont la constante d’un genre qui est arrivé beaucoup trop tard pour être totalement neuf. Ainsi on peut affirmer que H.G Wells et Jules Verne sont les écrivains fondateur de la science fiction, mais on ne peut pas dire qu’ils sont aussi fondateurs du steampunk bien qu’il agisse de leur style et de leur esthétique -entre autres- que les auteurs fondateurs ont voulu reproduire.

Cela paraît presque paradoxal mais dire qui sont les créateurs du steampunk serait comme dire que la fantaisie est née en même temps que les mythes antiques et que les légendes moyenâgeuse. Les mythes antiques et légendes moyenâgeuse ne sont à l’origine de la fantasy que parce qu’ils se font fait appropriés, digérés, transformés, adaptés, fantasmés, parfois même trahis par les auteurs modernes comme J.R.R Tolkien où Robert Howard.

Le steampunk n’a donc de sens que parce qu’il arrive dans les années 80 et s’inscrit dans un retour en force de l’esthétique des premières grandes fictions populaires, un moment spécifique de l’histoire qui donne une forme spécifique à ce retour un retour. Plein de bricolage et de mélange de créativité expliquent pourquoi depuis sa création le steampunk est devenu plus qu’un genre littéraire, mais tout un univers créatif, une sous culture où se sont emparés des tas de personnes tout autour du monde.

 

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